Bruno Latour (1987) a offert une description ethno-méthodologique du processus de la recherche scientifique, de l'ingénierie et de la façon dont la technologie se développe. A la différence des cadres conceptuels communs comme le DéterminismeTechnologique et le DéterminismeSocial?, son approche n'est ni essentialiste, ni "inévitable", ni abstraite. Latour justifie sa démonstration à partir d'une attitude réductionniste, décrivant le travail actuel des scientifiques et ingénieurs dans le champ et des terminaux physiques qu'ils produisent, et en construisant ensuite à partir de là pour décrire comment se construit la totalité du corps social de la recherche. Sa description évite par conséquent les ostentations mythologiques sur lesquels se posent souvent les déterministes, et par conséquent fait qu'il est possible de tracer véritablement la pratique. En regardant la science en action plutôt qu'en s'appuyant sur la sagesse rétrospective d'une science ou d'une technologie "prête à l'emploi", l'argument de Latour est bien plus irrésistible et convaincant parce qu'il évite la contradiction évidente affirmant que le progrès n'est pas produit en regardant rétrospectivement le passé. Au lieu de cela, Latour établit une description de la recherche et du développement dans le présent.
Latour cadre sa démonstration en notant que cette recherche et les faits sont toujours produits dans la controverse, et il centre ainsi sa description sur le point d'appui entre les controverses historiques qui ont déjà été résolues --la chair à canon typique des discussions des déterministes technologistes -- et les nouvelles controverses qui sont en train de jaillir fondées sur les anciennes. Cette approche nous permet de réévaluer que les attitudes déterministes --comme celle prises par MarshallMcLuhan et l'Ecole de Toronto afin de re-développer des aspects de leurs théories de l'impact des technologies de communication et des autres médias sur la société, tout particulièrement sur l'institution de la recherche -- en regardant comment les nouveaux médias de masse mènent à la création et à la résolution de controverses.
Un aspect particulièrement important de sa théorie est que cela fusionne les méthodes des scientifiques et des savants. Les distinctions typiques entre scientifiques et savants sont plutôt biaisées et mythologiques, et suggèrent des choses comme le fait que les scientifiques argumentent avec des faits alors que les savants argumentent avec des opinions, avec l'idée sous-tendue que les savants représentent la discipline la plus faiblarde. D'un autre côté, Latour suggère que les scientifiques usent aussi de la rhétorique parce qu'ils sont aussi impliqués dans l'art de la persuasion, mis à part que leur rhétorique est plus puissante que de recourir uniquement à l'émotion ou même à l'intellect. Au lieu de ça, les scientifiques ont développé simplement de nouveaux moyens de convaincre les autres de leurs idées, comme le fait de donner des démonstrations, de décrire des expériences que les autres peuvent répéter pour eux-mêmes et construire des machines de valeur qui deviennent impliquées dans la société. Si on doute de quelques-unes de ces rhétoriques, on peut par conséquent douter de leur fidélité à leurs propres sens, et par conséquent de leurs équilibres mentaux parce que ce sont des personnes antipathiques astreintes à aller de l'avant.
Plus il y a de personnes qui avancent avec quelques concepts, plus cela traitera ce concept comme vrai au moment de proposer leurs propres concepts, plus ces concepts deviennent un fait, simplement parce que tout le monde commence à les penser comme vrais. Ce processus n'est pas simple. D'abord, si personne n'entend parler de votre concept, il ne se répandra pas et sera ainsi mort-né. Ce n'est pas un fait parce que ce n'est pas opposé. Plutôt, le contraire. Cela devient seulement un fait. Plus ils sont opposés et plus ils résistent à des épreuves de force apportées par l'opposition. Une notion qui résiste à beaucoup d'épreuves de forces est suffisamment vigoureuse pour se construire sur des générations successives d'auteurs, et elle est là seulement quand elle commencera à emprunter le concept comme un fait.
Une fois que d'autres chercheurs commencent à construire sur le fait, cela devient ce que Latour désigne comme une "boîte noire" -- formant de ce fait les abstractions utilisées dans le déterminisme technologique-- parce que ces recherches le prennent nécessairement pour acquis ; qualifier leurs prémisses d'incertaines affaiblirait évidemment leur propres arguments. A ce stade, la controverse est établie à moins qu'un futur interlocuteur ne décide de les accepter. Procéder ainsi peut être très difficile, tout spécialement si beaucoup d'autres faits ont été construits sur la somme de ceux en question. L'interlocuteur rencontre une grande ribambelle de personnes toutes avec des intérêts investis pour préserver ce fait, parce que leurs propres recherches et carrières en dépendent. Néanmoins, comme le raille Latour, parce que la rhétorique de la science est une rhétorique qui amène les personnes à s'interroger sur leurs propres équilibres mentaux, elle doit être par conséquent forte. C'est uniquement pour cette raison que la science peut surmonter le conservatisme et esquiver l'orthodoxie. Tout ce qu'on a à faire est de trouver un essai de force qui n'a pas résisté et la totalité de la structure s'effondrera. Par conséquence, les scientifiques ont besoin de tester un fait très fortement avant qu'il ne soit accepté de peur que des années de recherche ne soient passées à être dans l'erreur. Pour faire ainsi, ils ont besoin d'engager de grands nombres de personnes avec différentes perspectives pour regarder le fait dans toutes les directions possibles.
A ce stade, avant même de pouvoir penser à engager des alliés et des interlocuteurs, on a besoin de pouvoir identifier quelles personnes sont des alliés et des interlocuteurs adéquats. Après tout, nul doute que beaucoup de personnes pourraient éclairer leurs amis et familles de leur côté dans une discussion, mais ceci n'oblige pas les autres à croire ce que vous dites. Mais plutôt, ceci est subjectif. Ce dont on a besoin est d'autres gens qui peuvent évaluer et construire des essais de force adéquats, et en outre les forcer à combattre férocement pour la véracité. La solution académique est d'engager des professionnels dont la totalité de leurs gagne-pain se situe à l'intérieur d'une controverse parce que leur groupe social tout entier est impliqué dans la controverse ; à la différence des amateurs, ces chercheurs disciplinés ne connaissent pas la notion désagréable de savoir si c'est vrai parce qu'ils seront discrédités par leurs pairs, et ensuite leurs financements seront coupés. Une bonne méthode est de produire des faits qui peuvent être transformés en machines, qui peuvent à leur tour êtres vendus commercialement. En tant que telle, beaucoup de recherche académique est actuellement produite par l'industrie ou financée directement par elle. Une autre méthode pour la recherche non académique est d'avoir un patron favorable, généralement le gouvernement, qui distribue l'argent à travers les universités et les agences dotées de financements afin de s'assurer que cela ne va que vers des individus disciplinés, ce qui est actuellement mesuré par la manière dont un chercheur est cité par les pairs disciplinés. Le dernier groupe, par conséquent, doit se montrer inflexible pour exclure les autres de sa discipline afin de protéger sa source de financement ; d'où l'existence d'une RévisionAcadémiqueParLesPairs?.
Cependant, cette exclusion ne peut pas être plus rigoureuse, parce que les chercheurs ont souvent besoin de l'utilisation du "laity" (NDT ?) pour assembler des données (par ex. les fossiles, les observations astronomiques, les études médicales, les rapports de bugs), pour fournir les financements, élever des enfants qui pourraient devenir la prochaine génération de chercheurs. En tant que tels, les chercheurs doivent jouer un rôle de communication dual d'un côté à rester eux-mêmes isolés et d'un autre côté à fournir de la valeur en retour pour le reste de la société. La méthode typique est d'enseigner ce qu'ils ont appris de telle façon que les autres puissent le transformer en chaîne de valeur, et puis évaluer des membres juniors de l'effectif de telle manière que les employeurs puissent avoir quelque confiance sur le fait qu'ils obtiennent un effectif instruit. En outre, le temps passé à l'école devrait aussi cultiver la prochaine génération à penser, se comporter et valoriser les principes des questions académiques (Brown and Daguid, 2000). Au final, les étudiants obtiennent une plus petite version du système de certification utilisé par les universitaires pour assurer la disciplinarité (c.-à-d. un degré) qu'ils peuvent employer pour se marketer eux-mêmes (Brown et Daguid, 2000). En ce qui concerne la construction sociale de la science, plus ils sont efficaces eux mêmes en marketing, plus les idées qu'ils ont appris à l'école seront orientées dans les opérations de la société, et plus le reste de la société sera forcé de les accepter, et ainsi un fait universitaire est transformé ainsi graduellement en un large fait de société. Puisque la plupart des observateurs sont dans le réseau social de leur société, de leur point de vue, le fait accepté par la société la plus large apparaît comme un fait normal. Les observateurs en dehors de ce réseau sembleront différents ou étranges, et souvent dénigrés comme étant illogiques ou même "primitifs" par les Darwinistes sociaux tels que MarshallMcLuhan.
En ce qui nous concerne ici, nous pouvons observer là qu'il existe beaucoup de liens ici qui dépendent du MédiaDeMasse?. Tant de recherche est construite à propos de sa capacité à toucher un réseau de personnes toujours plus grand, si trouver des personnes dotées d'un état d'esprit semblable, assembler des données ou disséminer votre concept afin de construire un fait. Par conséquent, la recherche elle-même doit être vulnérable aux BiaisDeCommunication?. Suite sur MediaOnResearch.
Brown, J. S. and Duguid, P. (2000). La vie sociale de l'information. Cambridge, MA: Harvard Business School Press.
Latour, B. (1987). Science en action : Comment suivre les scientistes et les ingénieurs à travers la société. Cambridge, MA: Harvard University Press.
DossierRecherche?
=== Gloses (Lemmas ?)===
Latour construit sa discussion avec une série de gloses (ndt traduire lemmas) dans trois types : les têtes de Janus, les règles de la méthode et les principes. Cette stratégie est très claire, concise et facile à suivre. Je résume seulement les conclusions des gloses comme des cartes à l'intérieur d'un livre, mais je vous encourage à lire vous-même le livre parce que cela n'aurait pas de sens autrement.
Janus heads.
Règles de méthode.
Extrait de l'Appendix 1 (p.258) ; les références de pages renvoient aux premières citations dans le corps principal du texte.
Principes.
Quoted from Appendix 2 (p.259); page references refer to first mentions in the main body of the text.
Autres endroits intéressants
La critique du DéterminismeTechnologique commence à la p.132.
Van de Ven warned that when theories on a topic widely diverge, the advocates "for each theory engage in activities to make their theory better by increasing its internal consistency, often at the expense of limiting its scope...[S]uch impeccable micro logic is creating macro nonsense!" (p. 487)
Van de Ven, A. H. (1989). Nothing is quite so practical as a good theory. Academy of Management Review, 14 486-489.
Dans ScienceEnAction?, Latour (1987) présente la Construction Sociale de la Science ou une description des processus compris dans le développement de la recherche scientifique, l'ingénierie et la technologie (ou la nouvelle connaissance). Latour commence par examiner les activités au jour le jour d'un individu dans le processus, puis produit des hypothèses plus larges sur la manière dont la totalité de l'institution sociale de la recherche (innovation) est construite (création de connaissance). Une discussion entière de la théorie de Latour est hors du champ de cet article, mais elle va avec l'influence de la discussion qui suit pour savoir comment se produit la construction sociale de savoir.
La nouvelle connaissance démarre avec le savoir individuel du travailleur (sous la forme d'idées) ; c'est alors le job de l'organisation d'intégrer ce savoir en utilisant une combinaison de mécanismes et technologies. La plupart des théoriciens du knowledge-management sont d'accord sur le fait que la nécessité de la dissémination de ce nouveau savoir est la facilitation des réseaux sociaux ou une sorte de structure de partage. Pour le dire simplement, le savoir ne se crée pas dans une dépression, il requiert que le travailleur sache comment, et chose plus importante, avec qui il devrait partager ses idées. Les personnes choisissent de partager leurs idées avec d'autres selon des raisons tant rationnellement cognitives qu'émotionnellement affectives. Généralement, il peut être affirmé qu'une personne choisit de partager ses idées avec quelqu'un selon le niveau de valeur qu'il lui apporte (de la récompense financière sous la forme d'une promotion jusqu'à l'estime gagnée de la reconnaissance). Il existe aussi une pénalité associée à partager avec les mauvaises personnes, à s'aventurer sur le fait que l'idée puisse se faire tirer dessus, prenne une mauvaise direction ou soit pillée. Dans le cas d'une idée pauvre, le travailleur peut perdre son statut social ou sa validité.
L'objectif de n'importe quelle organisation devrait être de s'assurer que les idées de leurs collaborateurs soient en train d'être partagées avec les bonnes personnes. Ces personnes qui peuvent aider et relancer la création de savoir. Une fois que les idées sont partagées et acceptées, elles deviennent de la connaissance implémentée à travers des pratiques, des méthodologies, des procédures ou de l'innovation. Ces morceaux de nouvelle connaissance sont ce que recherche la création de savoir organisationnel.
Il est aussi important pour l'organisation de faire que l'auteur paraisse favorable. En récompensant l'auteur de l'idée, son statut social et sa valeur s'accroissent (parfois tous les collaborateurs de l'organisation se battent pour ça) et l'organisation encourage plus d'innovation. Dans ce cas, tant l'organisation que le travailleur bénéficient d'interactions sociales correctes ou de réseaux.
Si on accepte cette idée, alors la connaissance sociale devient une section nécessaire de la création de savoir organisationnel parce que c'est une étape essentielle dans le processus. (Basé sur des discussion avec Sunir Shah) - MaxEvans